Or ne te fault il craindre
Muse, à prendre ton vol,
Si gay qu'il puisse attaindre
De l'un à l'autre Pol,
Je n'ay ciré tes ælles
D'un art Dedalien,
Pour fondre aus estincelles
Du flambeau Delien.
De ta cheute honteuse
L'on ne verra les eaus
De la Mer écumeuse
Prandre des noms nouveaus.
Mais si tu veus répandre
Ton immortalité
Sur les dînes de prandre
Ce guerdon merité,
Saches que du jeune Aigle
L'œil ferme est soustenant
La clarté nompareille
Du Soleil rayonnant
Où l'indîne lignée
Jettée de son rang,
Est desacompagnée
Du legitime sang.
Jeune Aigle ainsi j'essaye,
Si je n'ay des bons Dieus
Grand faveur, une playe
Double sur mes deux yeux :
Sur mes deus yeux j'endure
Deus Soleils, reluysans
Mieus que cil qui mesure
Par sa course noz ans ;
Ce sont deus fleurs élites
Des fleurs de l'Univers ;
Qui luysent sur mes vers ;
Prent le mesme renom
Que Cinthe de l'enfance
Du profete Apollon.
Mais l'une glorieuse
Sur un char triumphal
Par une nue creuse
Aux cieus clers à l'égal
Des Dieus, pres de
son frere
Minerve la ravit :
FRANÇOIS lors
sa seur chere
A grand' joye revit.
Car il n'estoit en terre
Plus serf du sort mortel,
Siege ayant sceu conquerre
Dans le trosne éternel ;
El' l'y vit en presence
Bravant entre les Dieus,
Jadis l'honneur de France,
Ores l'honneur des Cieus.
L'une au Ciel en bonheur
Reçoit de ses mérites
Le loyer et l'honneur,
L'autre, d'un chaste zelle
Tout aux vertus sacré,
Ja bien haute en l'échelle
Volle en mesme degré.
L'une entre les déesses
Garde le premier rang ;
L'autre entre les Princesses
Est premiere du sang.
Ja de l'une, immortelle,
Par tout s'entend le nom ;
La terre universelle
De l'autre oit le renom.
L'une est aus Dieus plaisante ;
L'autre nous esjouist.
L'une aus Cieus est luysante ;
Aus terres l'autre luist.
Agréez mes prieres,
O flambeaus nompareils,
Si j'ay peu voz lumieres,
Voz flamboyans Soleils,
Tous deus faire reluyre
D'un coup par l'univers,
Les ayant sceu conduire
Sur le pol de mes vers :
Chose que de Climéne
L'enfant ne pourra voir,
Que grand dueil ne méne,
M'enviant le sçavoir.
Il oza par le vuide
Prendre le maniment
De la flambante bride
D'un Soleil seulement.
Mais ô la foible audace
Des jeunes jouvenceaus !
De la celeste place
Jusqu'au profond des eaus,
Ses feus il fait épandre ;
Tout se prit à flamber,
Déja le monde en cendre
Estoit pres de tomber.
Chascun à lors reclame
Jupin à son secours,
A la flame la flame
Le feit avoir recours.
Il vint son foudre horrible
Roidement tournoyant
Autour du chef terrible
De rage flamboyant :
L'effrayant tintamarre
Dardé de grand randon,
Fut de l'enfant Bizarre
Le condine guerdon.
FIN.